L'aéroport de Gatwick a du mal à fournir des informations de vol après qu'un câble endommagé a interrompu le flux de données
Travaillant dans le monde du câble, nous avons tendance à apprécier quand une industrie plus large est amenée à reconnaitre l'importance des câbles. Mais loin de nous l’idée d’apprécier les conséquences de ce qui s’est passé ce beau jour de l’été 2018 où un câble endommagé a fait la une des journaux et a démontré à quel point nous dépendons de ces connexions invisibles. L'aéroport de Londres Gatwick accueille plus de 45,6 millions de passagers chaque année sur plus de 282 000 vols, la grande majorité allant et venant comme dans la machine bien huilée qu’est un aéroport. Les voyageurs qui pénètrent dans le hall des départs regardent les écrans pour s’informer des zones d'enregistrement, avant de passer le contrôle des passeports et de regarder les panneaux d'information de vol pour déterminer combien de temps ils ont dans le duty-free avant de devoir se diriger vers la porte d'embarquement. Un jour, cependant, tout ne s’est pas déroulé de manière aussi fluide.
Lundi 20 août 2018, ces panneaux d'information de vol particulièrement cruciaux ont affiché page blanche pendant plus de huit heures, suite à un crash informatique. Inévitablement, des passagers ont raté leur vol, et les créneaux de décollage ont dû être revus pour accueillir les personnes qui ont manqué leur vol - bien que l'aéroport ait tardé à annoncer qu'aucun vol n'avait été annulé malgré le chaos de ces données manquantes. Le personnel de l'aéroport de Gatwick a pris le relai de l’informatique avec les moyens du bord - des haut-parleurs, un grand tableau blanc et des marqueurs nettoyants pour relayer les informations reçues sur leurs radios. Des dizaines de milliers de passagers ont été impactés, et beaucoup d’entre eux sont sans doute partis en vacances avant que leurs enfants ne retournent à l'école. À notre époque numérique, ils ont été contraints de passer à l'analogique, ce à quoi nous ne sommes plus habitués.
Alors, comment est-ce arrivé? À l’origine du problème, un câble à fibre optique, enterré sous terre. Un certain nombre de facteurs auraient pu affecter le câble et l'empêcher de fonctionner. Ces câbles toronnés en fibre de verre utilisent des ondes lumineuses pour envoyer des données sur toute leur longueur et bien qu'ils soient gainés dans des matériaux robustes comme des composés halogènes à faible dégagement de fumée et résistants au feu, (avec possibilité de blindage à fils d'acier ou ruban d'acier ondulé), les câbles à fibre optique restent relativement délicats face à un tel flux d'information critique. Un câble à fibre optique avec un blindage en fil d'acier peut être enterré directement dans le sol, mais il est plus probable qu'il ait été installé dans des conduits, permettant de faciliter un accès en continu. Le blindage protégerait le câble s'il était accidentellement heurté par une bêche ou un autre outil, mais s'il est tiré par erreur par un engin de terrassement mécanique pendant les travaux de génie civil, aucun blindage ne peut empêcher le câble d'être endommagé. Le câble lui-même a probablement eu une protection contre les rongeurs sous la forme d'un fil de verre enroulé autour - cela n'empêche pas les rats de mâcher le câble en premier lieu, mais est conçu pour les empêcher d'atteindre le tube intérieur et les fibres elles-mêmes. Mais de la même manière, il se peut qu’au fil du temps, ils puissent se frayer un chemin à travers et endommager les couches internes. Autre scenario possible : le point de connexion a échoué. Les joints et les terminaisons seront toujours le point le plus faible d'un circuit et la terminaison des fibres est un processus délicat - bien plus que pour un câble en cuivre standard.
Quelle qu’ait été la source réelle de cette panne, les sous-traitants ont travaillé dur pour que le câble à fibres optiques en question soit réparé et fonctionne à nouveau – et fasse remonter les données sur les écrans (après un redémarrage du système) vers 17 heures. La bonne nouvelle, c’est qu'une fois le flux de données rétabli, le retour à la normale a été relativement rapide et, fort heureusement, aucun des systèmes critiques n'a été affecté. Le contrôle de la circulation aérienne a continué de recevoir les informations sur les mouvements de vol, l'éclairage de l'aérodrome a continué à recevoir les flux de données (ceux-ci se trouveraient sur différents systèmes avec des sauvegardes en cas de panne). Cet incident permet de démontrer comment, à notre époque numérique d'accès instantané aux informations, une seule longueur de câble peut être la clé des opérations quotidiennes d'un service d'infrastructure aussi important que celui d’un aéroport international comme celui de Gatwick.